Djaouida Sellah se remet de ses émotions

Incident à Ottawa

« Je vais bien, je vais mieux qu’hier en fait. Nous avons vécu des événements très troublants, autant pour nous tous ici au Parlement que pour tous les Canadiens. Heureusement, les policiers et les forces de sécurité étaient sur place pour nous protéger », a déclarer la députée de Saint-Bruno – Saint-Hubert, Djaouida Sellah, en entrevue avec le journal Les Versants. 

Ce mercredi matin, les députés du NPD étaient réunis en caucus afin de discuter des enjeux des Canadiens. Ils étaient tous en rencontre lorsqu’ils ont entendu un bruit. « Au départ, je croyais que c’était de la vaisselle qu’on fracasse. Mais c’est plus tard, lorsque j’ai vu la vidéo d’un caméraman, que j’ai compris qu’il s’agissait en fait d’un poteau qui tombait sur le plancher de marbre. Après ce bruit de vaisselle, j’ai entendu deux coups de feu. Seul un mur nous séparait alors du tireur. À ce moment-là, un agent de sécurité est entré dans notre local pour nous avouer qu’il s’agissait de coups de feu. Il nous a dit de se coucher par terre et il a tenu la porte fermée avec ses mains. Ensuite, il y a eu une salve de tirs », raconte la députée Djaouida Sellah.

Diplômée en médecine, Djaouida Sellah a pratiqué son métier pendant 10 ans dans son pays d’origine, en Algérie. Impliquée au sein du Croissant-Rouge durant ses études, elle s’est envolée pour Bagdad lors de la Première guerre du Golfe, où elle a passé plus de quatre mois comme médecin volontaire. « J’ai connu la guerre. J’ai connu les bombardements. Alors j’ai compris ce qui se passait lorsque nous avons entendu la rafale de tirs au Parlement. J’ai reconnu les coups de feu. La première chose à laquelle j’ai pensé, c’est ma famille, mes enfants. C’est un réflexe maternel », poursuit la députée du NPD. 

Les députés sont demeurés près de 12 minutes enfermés dans la salle du caucus, apeurés, étendus au sol et sans trop réaliser ce qui se déroulait. « Un agent nous a fait sortir par une porte communicante. Il était blême, mais il venait nous évacuer. Pliés en deux, nous devions rester silencieux, ne pas faire de bruit, parce que le tireur était peut-être encore à l’intérieur. Ça sentait la poudre à fusil. En passant par un tunnel, nous avons été dirigés vers le bloc Est du Parlement, dans un lieu sûr », explique Djaouida Sellah.

À ce moment-là, ils sont, selon elle, plus d’une soixantaine de personnes à être confinées à l’intérieur. Parmi eux, des touristes, des visiteurs, des familles avec des enfants, même le caméraman du Globe and Mail qui a filmé la fameuse scène des événements est avec eux. « Nous étions alors tous des êtres humains en quête de sécurité. J’ai appelé ma famille pour leur dire que j’étais saine et sauve, mon personnel, qui était également confiné dans d’autres bureaux et nous avons suivi le fil des événements sur nos cellulaire et nos tablettes. »

Ils sont restés confinés ainsi jusqu’à environ 21 h 30. Des sandwichs leur ont été apportés, qu’ils ont dû se partager. « Nous avons alors prioriser ceux qui étaient dans le besoin, les enfants, les aînés, les personnes malades », affirme Djaouida Sellah.

La députée de Saint-Bruno – Saint-Hubert souligne que l’attente était longue, que tous étaient impatients de sortir et de rentrer à la maison. Elle se dit également attristée par le décès du caporal Nathan Cirillo, atteint par balle alors qu’il montait la garde au Monument commémoratif de guerre. Elle était présente jeudi matin lors de la cérémonie hommage en son honneur.